Que les
nuages soient faits de poussière, de carbone, de vapeur d'eau, qu'ils
montent aux cieux ou en descendent, nous les vivons au quotidien. Nous
habitons chacune de leurs formes. Ils ont inspiré les rêves et les
craintes des anciens, ils nous évoquent encore et toujours les
mystères de l'existence, de la beauté céleste ou infernale.
Cirrus,
cirrocumulus, spirales de la fumée du tabac, nuages stellaires,
fumeroles du ventre de la Terre, tous ces nuages, grands et petits,
nous émerveillent de leur blanc laiteux, d'un gris perle, d'un rose
pastel, d'un oranger fané, de leurs corps tout en courbes dignes d’une
vénus callipyge. Ils peuvent nous rafraîchir d'une ondée salutaire à
la mi-août ou nous obliger auprès des foyers lorsque, chargés de
glace, ils nappent le ciel d'un noir d'encre. Car ils ont aussi la
faculté de nous effrayer tout comme à Pompéi ou au flanc de la
Montagne Pelée, sous l'orage du siècle ou devant la gueule des
bombardes à poudre…
Nos aïeux ont
fréquemment reconnu un visage de mort cachée dans un simple nuage,
sans pourtant avoir connu Nagasaki, Tchernobyl ou Bhopâl, "accidents"
de notre temps.